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Les Frères Karamazov, de Dostoïevski

Un chef-d'œuvre de la littérature mondiale



      En la simplifiant un peu, l'intrigue du livre n'est pas des plus compliquées. Fiodor Pavlovitch Karamazov a été marié deux fois.
La première, avec une jeune et belle femme qui, en outre, avait une forte personnalité. Le couple eut un fils, Dmitri. La seconde, à nouveau avec une jeune et jolie femme qu'il finit par rendre tout à fait hystérique et qui mourut jeune, après lui avoir donné deux fils, Yvan puis Alexeï. Dès les premières pages, le narrateur décrit Fiodor Pavlovitch Karamazov comme un homme avare, buveur, dévergondé, bouffon, violent et voleur… Karamazov avait une constante : il oubliait totalement l’existence de ses enfants et ils furent élevés par un domestique qui les logea et les éleva jusqu'au moment où une autre personne vint les prendre pour s'en charger.
C’est à peine si Karamazov se rendait compte que ses enfants avaient quitté le domaine. Les frères ne se connaissent quasiment pas au début de cette histoire.
Et voilà que tout ce petit monde se retrouve tout à coup dans le village paternel et chacun avec des motifs différents. Dmitri, endetté, veut toucher son héritage maternel de la part de son père qui, bien sûr, tente de le flouer. Yvan, on ne sait trop ce qui l'a poussé à venir, si ce n'est une histoire de femme. Quant à Alexeï, il est venu attiré par le célèbre monastère du lieu et son staretz Sozime. Alexeï veut servir la religion et devient un proche du staretz Sozime (un staretz est une sorte de saint homme qui vit un peu en dehors de la communauté ecclésiastique qui l'abrite).
Au début de notre histoire, il semble que Dmitri et Fiodor Pavlovitch ont accepté la médiation du staretz pour trancher leur différent. Nous découvrirons vite, à la réunion, que Fiodor Karamazov n’a jamais eu l’ombre d’une intention de chercher une solution amiable. On découvre que Dmitri peut être tout aussi violent que son père. Pour ne rien arranger, ce n’est pas qu'une histoire d’argent qui les sépare : il y a aussi une histoire de femme. A un moment une violente dispute éclate et Dmitri, poussé à bout par son bouffon de père dit : " - Pourquoi un tel homme existe-t-il ?. Dites-moi, peut-on encore lui permettre de déshonorer la terre ? ". Un des témoins a compris que ces deux hommes ne pourront arrêter de se déchirer qu'à la mort de l’autre. Le parricide qui si longtemps a préoccupé Dostoïevski !.



Il me semble encore important de vous donner, en bref, les principales idées débattues dans ce livre par Dostoïevski. Cela d'autant plus qu’il est habitué à partir d’abord des idées qu'il veut défendre avant de créer son roman.
Je n’insisterai pas sur la personne qui défend l’idée, cela n'a que peu d'importance, puisqu’elles viennent toute de l’esprit de l’auteur. Dès le début du livre, le socialisme et le scientisme font l'objet de violentes attaques. Ces théories simplifient l'histoire et l'homme, et sont donc dangereuses. Ces idées, d'origine occidentale, sont défendues en Russie par les jeunes nobles ou les bourgeois. C'est dans le peuple russe, les paysans, que se trouve l’avenir de la Russie. En occident, Dostoïevski n’a jamais vu que l’esclavage du peuple en faveur du profit et des machines. Le sommet du roman est atteint dans le livre V, partie V, intitulé " le Grand Inquisiteur ". Qu'a apporté le Christ aux hommes ? Qu'en a fait l'Eglise d’Occident ? L'homme veut-il de la liberté ? Qu’est ce qui est nécessaire à sa survie, à assurer sa volonté de vivre ? Dans le volume II, ces idées seront complétées par un dialogue entre Yvan et le Diable. Tout un raisonnement se terminera par la conclusion que Dieu n’existant pas, il s'en suit que l'homme est livré à lui-même. Il n’y a plus de morale et chacun peut se comporter comme il l’entend, puisqu'il devient lui-même Dieu. Yvan est le contradicteur de la pensée de Dostoïevski qui, lui, ne voit le salut que dans le Christ et l’église orthodoxe.
Dostoïevski est un incroyable visionnaire, car il introduit les comportements futurs des hommes dans le courant du XXe siècle, vis-à-vis des dictateurs, des théories politiques, du communisme au nazisme, de la société de consommation, ses frustrations et sa perte de spiritualité, etc.

 

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LES FRÈRES KARAMAZOV.

 

Roman de Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881), publié en 1879-1880. C'est l'œuvre capitale de ce grand écrivain russe, moins bien construite, peut-être, que Crime et Châtiment, mais d'une intensité de conception et d'analyse qui en fait une des œuvres les plus significatives de la littérature européenne de la seconde moitié du XIXe siècle. Dans l'esprit de l'auteur, cet ouvrage devait former la première partie d'une vaste biographie consacrée au cadet des frères Karamazov, Aliocha. Utilisant pour cadre de son récit l'adolescence de ce dernier, Dostoïevski aurait exposé la genèse des faits qui devaient marquer la vie d'adulte d'Aliocha. Mais l'Histoire d'un grand pêcheur, dont Dostoïevski conserva certains plans et quelques notes, resta inachevée.
Tel quel, le roman des Frères Karamazov nous apparaît sous la forme d'une chronique incomplète, narrant l'histoire de la violente inimitié qui oppose, dans le cadre d'une petite ville russe, un père et ses fils. La famille Karamazov est composée du vieux Fédor, de Mitia, Ivan et Aliocha, ses fils légitimes, et de Smerdiakov, son fils illégitime. Ce dernier, victime d'une lourde hérédité, est un cynique libertin qui vit en serviteur chez son père ; son exemple est néfaste au développement des autres fils. Aliocha est le seul qui semble être exempt des tares paternelles, bien qu'en lui apparaissent quelquefois des germes de la « folie sexuelle » des Karamazov ; il est élevé dans une atmosphère fort religieuse par le vieux moine Zosime. L'ainé, le lieutenant Mitia, est un impulsif, plein de sentiments excessifs et opposés : il est orgueilleux, cruel, sensuel, mais en même temps généreux, capable d'élans de bonté et de sacrifice. Ayant appris que son supérieur, le père de la belle Katia dont il est amoureux, a soustrait une grosse somme à la caisse du régiment, il fait savoir à Katia qu'il est prêt à sauver son père, mettant cet argent à sa disposition, à condition qu'elle vienne le chercher elle-même : cela dans le dessin de l'humilier. Toutefois, lorsque Katia se présente, il s'émeut et s'effraye de sa propre bassesse il lui remet alors la somme promise sans rien exiger d'elle. Plus tard, bien qu'ils se soient fiancés. Mitia n'est pas sans s'apercevoir que Katia ne l'aime que par pitié et par reconnaissance. Quant à lui. Il est bientôt bouleversé par un nouvel amour, purement sensuel, pour la belle Groucha (Grouchincka), femme capricieuse, infidèle et volontaire, que le vieux Fédor aime également. Contrairement à son frère Mitia, Ivan est un être raffiné, qui a cultivé en lui-même le plus violent scepticisme, niant l'amour de Dieu et la charité envers le prochain, bien qu'étant, au fond de lui-même, animé par une foi latente. Il aime Katia, qui lui ressemble de par la même complexité de caractère ; mais il se refuse à admettre cet amour Katia, de son côté, sans s'en apercevoir d'ailleurs, est également attirée vers lui. Cette passion fait naître chez le jeune homme une haine secrète pour son frère Mitia, lequel abandonne un jour la jeune fille. Le taré Smerdiakov épileptique, détestant son père qui a fait de lui un domestique, capable d'infamie par irresponsabilité totale, représente, en quelque sorte, l'aboutissement des cyniques théories de son demi-frère, Ivan.
Ces rapports complexes et inconciliables, forment le pivot du roman. Toutefois, la haine pour leur vieux père, établit un certain lien entre les trois frères. Le vieux Fédor est pour Mitla un rival, pour Ivan, un être méprisable, pour Smerdiakov, un patron sévère et pour tous les trois il représente, avant tout, celui qui possède l'argent qui leur fait défaut. Le parricide, que Mitla, impulsif et violent quoique profondément sentimental, serait incapable d'accomplir, se dessine au plus profond de la conscience froide d'Ivan. Avec sa prescience de malade, Smerdiakov le perce à jour et exprime, de façon obscure en usant de sous-entendus, le vœu secret de son frère Ivan. Ce dernier fait semblant de ne point reconnaître dans les paroles de Smerdiakov l'écho de sa propre pensée, et pousse le malheureux à l'action. Toutefois quand Smerdiakov aura assassiné son père, c'est Mitia qui sera accusé, toutes les apparences étant contre lui. Peu après le crime, Smerdiakov se tue. Au dernier moment, Ivan sortant tout à coup d'une étrange torpeur spirituelle pour retomber dans un délire extravagant, cherche à sauver Mitia, mais celui-ci est condamné aux travaux forcés. Le roman s'interrompt brusquement laissant en suspens le sort des principaux personnages. Aliocha qui, dans l'idée primitive de l'auteur, devait être le héros principal, joue en réalité, le rôle de spectateur. Adolescent affrontant la vie comme protégé par une foi lumineuse et une extrême bonne volonté. Aliocha reçoit les confessions successives de ses frères. Mais, bien que comprenant leurs drames, il ne réussit nullement à les aider. Quand, par la suite, il se consacre aux bonnes œuvres, cette initiative se révèle plus heureuse. C’est ainsi qu'il parvient à rassembler autour de lui un groupe de jeunes gens qui, par leur dévouement, réussissent à apporter un réel soulagement moral à un de leurs compagnons, mortellement malade. Par la suite, ils allègent également la douleur de cette famille douloureusement éprouvée Et c'est sur un hymne de foi, chanté par ces enfants unis en une solidarité étroite, que se termine la narration de cet épisode.

Ce roman est représentatif de ce qui, vers le déclin du naturalisme, fut appelé le « roman d'idées » et qui servit de scène aux inquiétudes de l'esprit européen. Mieux qu'en aucune autre de ses œuvres, Dostoïevski y montre que la littérature doit servir à révéler les innombrables problèmes que l'homme porte en soi sans se les avouer, ni oser les affronter. Dans son ensemble, les Frères Karamazov sont une vaste analyse de l'âme humaine considérée uniquement sous l'angle de la morale. Mitia formule ainsi cette opinion : « Le cœur des hommes n'est qu'un champ de bataille où luttent Dieu et le diable». En réalité, un profond manichéisme plane sur tout le récit. D'un côté, nous voyons Aliocha, créature touchée par la grâce mais non exempte d'hérédité paternelle, de l'autre se tient Smerdiakov, parfaitement envahi par la gangrène et totalement privé du sens des responsabilités, mais pourtant capable de réaliser, au dernier moment, sa profonde nullité au point d'être amené à se suicider. Entre ces deux pôles se tiennent Mitla, le passionné, et Ivan, le tourmenté l'un, essentiellement passif, l'autre, un rêveur fou et implacable, mais tous les deux également inefficients. Leur drame finit par les dépasser. Mitla eu arrive à être incapable de dominer les circonstances qui, après l'avoir fait souffrir désespérément, le contraignent à subir les conséquences d'un délit qu'il n'a pas commis. Ivan est dépassé par l'abstraction et la folle des idées à tel point qu'il ne peut plus trouver de moyen d'expression autrement qu'en lisant à Aliocha une de ses compositions qui se trouve intercalée dans le roman.

 

Cette légende a pour nom « le Grand Inquisiteur » : Ivan imagine que le Christ revient parmi les hommes et qu'un Inquisiteur espagnol le juge et le condamne, sous le prétexte que les hommes sont trop faibles et trop mesquins pour vivre selon Ses commandements. Le Sauveur veut obtenir des hommes un amour librement consenti, niais pour le troupeau humain, il n'y a pas de fardeau plus grand que celui de la liberté. Le Grand Inquisiteur a « corrigé » l'œuvre du Christ : à la foi dans la liberté et dans l'amour, il a substitué la puissance, le miracle et l'autorité, asservissant les pauvres rebelles, mais leur assurant, en compensation, une existence calme et exempte de privations. Si le Christ venait reprendre sa mission, le calme et la quiétude seraient rompus : c'est pourquoi Il sera condamné comme hérétique. Le Christ ne répond pas au discours terrible et lucide de l'Inquisiteur, mais « s'approche en silence du vieillard et l'embrasse sur ses lèvres exsangues de nonagénaire celui-ci, atterré, lui ouvre la porte de la prison».
Dans cette légende réside l'essence même des Frères Karamazov : la démonstration de l'amour qu'elle sous-entend, de cet amour qui remplit le cœur du vieux Zosime et celui de son disciple Aliocha, est une démonstration d'ordre essentiellement mystique. L'importance de cette légende, est d'autant plus considérable, qu'elle révèle les deux forces qui dominent dans l'âme de Dostoïevski : d'une part, la foi en la bonté cachée de la nature humaine, de cette bonté qui se révèle sous la forme chrétienne d'une solidarité humaine infinie d'autre part, la constatation d'une misère humaine, qui tend continuellement à pousser l'homme vers l'abîme. A cette attitude toute pascalienne vient se mêler plus d'une ombre assez maléfique. Ces deux influences sont si étroitement confondues, qu'il est difficile de les distinguer l'une de l'autre. Dans ce jeu caché, où le bien et le mal s’interpénètrent, dans la mise en scène de ces éléments contradictoires tels que les reflètent la moindre pensée ou la moindre action des protagonistes, on peut reconnaître un des ressorts essentiels de la philosophie et de l'art de Dostoïevski. Le développement ultérieur de ce roman, qui aurait dû comporter le récit de la vie d'Aliocha retiré dans un monastère, avait pour but de prouver le triomphe de l'état mystique, marqué du signe de la fraternité universelle, sur la logique inhumaine d'Ivan et sur le dualisme inhérent à l'homme. C'est d'ailleurs à cette fraternité universelle au nom du Christ, que Dostoïevski s'efforça toujours d'atteindre sans jamais pouvoir la réaliser dans son œuvre artistique, contrairement à ce que nous voyons chez Tolstoï.

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04/06/2015
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