Le patrimoine matériel et immatériel de la Saoura
Le «mois du patrimoine» est devenu une institution. Il revient désormais tous les ans du 18 avril au 18 mai. Le ministère de la Culture semble s'y investir de façon particulière afin de préserver les patrimoines matériels et immatériels du pays et les faire connaitre.
A ce titre, un recueil illustré, intitulé «Musiques et danses traditionnelles du patrimoine algérien» vient d'être publié par ce même ministère. Ce recueil, de bonne facture semble avoir pour ambition de recenser l'ensemble des arts traditionnels visés dans le titre de l'ouvrage, concernant toutes les régions du pays, avec à la clé un petit glossaire sensé aider le profane à comprendre le vocabulaire usité localement ou en général dans chaque art en particulier. Dans ce même contexte aussi, il s'est tenu dernièrement à Béni-Abbes, wilaya de Béchar, «la réédition du colloque international d'anthropologie et musique», le 4ème du genre. Ce colloque auquel ont assisté d'éminents chercheurs algériens et étrangers, fut inauguré par cette citation du romancier américain Robert Anson Heinlein : «Une génération qui ignore l'histoire n'a pas de passé ni de futur». Après cinq jours de travaux – du 16 au 21 avril dernier - cette manifestation scientifique et culturelle a été solennellement clôturée par Mme la ministre de la culture en personne. Ce qui est sensé rehausser cette manifestation. Il est certain que les honorables universitaires et participants à ce colloque n'ont pas fait que du tourisme saharien au frais de la république, en cette époque de l'année si propice à ce genre de villégiature, mais que beaucoup de choses ont été dites sur le patrimoine immatériel (seulement immatériel) de la Saoura, notamment en matière d'ethnomusicologie et de musicologie locales et maghrébines. Comme il est aussi incontestable que les études et recherches scientifiques entreprises dans ces disciplines constituent de véritables avancées voire nouveautés dans le domaine. Néanmoins, cette modeste contribution ne prétend pas venir en complément des dits travaux, loin s'en faut, mais d'esquisser une approche de l'aspect «matériel» de ce patrimoine de la Saoura qui n'a pas été abordé par les participants au dit colloque.
Pour revenir à la citation usitée de Robert Heinlein, une des questions que suscite cette pensée est : «est-ce que les générations passées ou présentes de la Saoura, ont-elles été et sont-elles conscientes de leur «Histoire» qui supposerait une occultation ou non de leur passé et/ou de leur futur ?» Or, à notre humble avis toute l'Histoire du Sud-ouest reste non pas à «réécrire», (car elle n'existe pas scripturalement pour ainsi dire), mais à «écrire» tout simplement. Et il y a urgence. A contrario, cette Histoire existe-t-elle dans l'oralité ? Rien n'est plus sûr car le temps qui érode les reliefs géologiques le fait encore plus fatalement des mémoires humaines ! (Ce danger de la périssabilité de la mémoire a fait prendre conscience aux hommes de la nécessité de l'écriture). Toutefois, en Saoura on peut toujours parler de l'existence non pas de «l'Histoire de la région», mais d'une «multitude d'histoires», voire de bribes d'histoires racontées de mémoires d'hommes, empruntant parfois à l'imaginaire autant qu'au réel, des épopées merveilleuses, et au fabuleux de mythiques légendes, celles des ancêtres, qu'accréditèrent parfois pour le besoin de leurs desseins, certains écrits d'officiers coloniaux. Kateb Yacine «cristallisera» dans «Nedjma» ce mythe mémoriel, cet atavisme national, cette perception presque charnelle de la présence pérenne de l'ancêtre, du patriarche, symbolisé de façon allégorique par «Keblout» pour les «Keblouti». Néanmoins aborder par ce biais «sensible» ou «sentimental», cet aspect de la «mémoire nationale» risque de nous éloigner quelque peu de l'approche de notre modeste contribution qui projette de traiter d'abord, voire exclusivement du seul patrimoine matériel de la Saoura.
En effet, le colloque ci-dessus cité ne s'est occupé que du patrimoine «immatériel» de cette région et ce, seulement dans sa partie «art musical». C'était certainement le but qui fut impérativement fixé à cette rencontre par ses organisateurs afin de circonscrire son objet uniquement à cela. Ce qui, évidemment, pour les populations locales, ne peut avoir qu'un intérêt limité, pour le moins superfétatoire, car, sans pourtant négliger ce côté immatériel de leur culture, c'est leur patrimoine matériel qui touche à leur vécu quotidien, à leur Histoire, qui va à vau-l'eau, qui est menacé dans son existence même par des facteurs les plus divers. En danger, ce patrimoine doit être secouru en urgence : il s'agit en premier lieu du palmier, source de vie, ainsi que toutes les cultures vivrières qui vont avec, et de son environnement. Un proverbe ne dit-il pas que «c'est lorsque le ventre est plein qu'il dit à la tête de chanter» ?
La vallée de la Saoura a été de tout temps la colonne vertébrale de la wilaya de Béchar, qui, à un moment récent de son histoire avait été son éponyme, son grenier et sa mamelle nourricière. Pour rappel, la Saoura est la confluence du Guir et de la Zouzfana, deux oueds importants qui prennent leurs sources dans l'Atlas Saharien. De ce fait, ils coulent pendant une partie de leurs itinéraires respectifs au Maroc avant de franchir notre frontière, l'un plus à l'ouest (Safsaf) et l'autre un peu avant, à Béni-Ounif. Ils se rencontrent à Igli pour ne plus former qu'un seul oued, la Saoura, qui va longer longtemps, par des méandres mystérieux, l'Erg Occidental avant de disparaitre dans les confins désertiques de la wilaya d'Adrar pour aller, secrètement alimenter les mythiques foggaras.
Ce parcours, que d'aucuns ont surnommé poétiquement «le boulevard des palmiers» est une merveille de la nature et une sorte de miracle de vie. Et quel «boulevard» ! Pour conserver la métaphore nous dirons qu'il ne s'agit pas d'une petite venelle malfamée mais d'une «avenue» d'environ 500 km de verdure en plein désert. Et ce n'est pas rien ! Une «avenue» toute de vert vêtue mais menacée de disparition hélas ! Cette contribution voudrait être un cri pour la sauver. Ce sont des palmiers bien de chez nous, qui produisent, pas des washingtonias de décor. Dans la vallée de la Saoura il y a plus d'une soixantaine de variétés de dattes toutes comestibles. Pour ne citer que deux d'entre elles nous dirons que «Hartane» et «Ba-Makhlouf» (une primeur) très prisées et recherchées n'ont rien à envier à Deglet Nour premier choix. Ce sont les moyens de production et de conservation qui font la différence. Pas plus.
Le visiteur profane qui observe aujourd'hui la palmeraie de cette vallée merveilleuse, depuis Igli jusqu'à Hassi-Abdallah à la frontière avec la wilaya d'Adrar, va croire que tous les palmiers qui se présentent à sa vue (hormis quelques rares exceptions), sont atteints d'une grave maladie qui risque de les faire disparaitre à jamais. Il n'en n'est rien encore pour le moment heureusement. Il est vrai que le bayoud (cancer du palmier) sévit dans la région, mais il ne présente pas une grande menace. La vraie menace actuellement c'est l'abandon de ce patrimoine plusieurs fois millénaire. En effet, des palmiers portent sur eux, au niveau de leurs couronnes, toutes leurs palmes mortes (sèches) de plusieurs années, ce qui fait croire que les palmiers sont morts ! Ces héroïques Phoenix dactylifera (des dattiers par excellence) ne sont plus élagués depuis plusieurs années et ce, pour diverses raisons. La première est certainement l'indifférence : de par la rente pétrolière, les propriétaires ont d'autres revenus pour vivre ou survivre (fonctions administratives, commerces, autres…) et ne s'occupent plus de leurs jardins. La deuxième cause serait certainement la nature indivise des propriétés. Les héritiers devenus nombreux se désintéressent tout bonnement de la part (devenue infime) qui leur revient du produit du palmier familial et par voie de conséquence se désintéresseraient de l'arbre lui-même, abandonné à son triste sort. Il en est de même des parcelles de terre : les jardins autrefois nourriciers semblent abandonnés pour la plus part. Il faut dire aussi que la main d'œuvre traditionnelle bon marché n'existe plus (khammès et esclaves se sont affranchis…les zaouïas gros propriétaires de palmeraies en possédaient encore il n'y a pas longtemps). Qui va travailler ces jardins et les entretenir ?!
Par ailleurs, l'arrivée du béton a éliminé de façon systématique et impitoyable l'utilisation des matériaux fournis par le palmier pour la construction de l'habitat traditionnel. En effet, le tronc de l'arbre (stipe) servait souvent de pilier et de charpente centrale aux maisons. Les poutres qui soutiennent les toitures sont recouvertes des palmes sèches de ce même palmier, sans lesquelles la chape en argile qui recouvre le toit serait impossible. En outre les palmes sèches avaient de multiples fonctions, entre autres elles servaient de brise-vents, de haies de retenue du sable pour la protection des jardins et des potagers. Elles servaient également à faire le feu pour la cuisson des aliments, pour se chauffer l'hiver et dans un passé pas très lointain comme torche pour s'éclairer quand on se déplace la nuit dans les ruelles du ksar. Les potiers les utilisaient aussi comme combustible pour leurs fours et les vanniers leurs feuilles pour fabriquer nattes, paniers, couffins et autres objets utiles à l'homme. Toutes ses fonctions ont été supprimées par le progrès de la vie moderne. Nous nous trouvons dès lors devant des produits naturels qui ne trouvent plus d'utilisation et deviennent des déchets qui polluent l'environnement. Un recyclage quelconque de ces produits est donc nécessaire pour faire du papier ou autre. Il s'impose non seulement pour préserver l'environnement mais surtout pour sauver le palmier. Cet arbre noble, majestueux, fier, ne doit pas baisser la tête.
LES KSOUR ET LES SITES ARCHEOLOGIQUES : LES KSOUR
D'après le professeur Mohamed TEHRICHI, chercheur (Université de Béchar) les ksour de la Saoura seraient au nombre de 35, tous dans un état de délabrement avancé (interview accordée à La Nouvelle République du jeudi 02.05.2013). Certains ont disparu, d'autres sont en voie de l'être. C'est le cas du ksar des Ouled Aaïd à Abdala, du ksar de Abadla lui-même. Quant à celui de Béchar, sa morphologie originelle a subi tellement d'atteintes que bientôt elle aura complètement disparue pour ne laisser trace qu'à son emplacement initial. Pour ce qui est de Taghit, ce village n'est pas seulement ce tableau féérique représenté par son vieux ksar ocre et haut perché sur son rocher blanc, avec comme toile de fond une des plus grandes dunes de sable doré de l'Erg Occidental, contrastant en contrebas, avec sa verte palmeraie protégée par la monumentale falaise rocheuse grise. Un tout resplendissant sous la vaste voute céruléenne d'un bleu azur toujours en effervescence lumineuse. Il est vrai que le tableau est saisissant pour celui qui le voit pour la première fois. Mais Taghit n'est pas que cela. C'est aussi une palmeraie économique, une commune constituée de six ksour : la Zaouïa El Fougania, Brika, Barebi, Bakhti, Taghit et Zaouia Tahtania. Tous ces ksour, patrimoine inestimables, situés sur l'oued Zouzfana, demandent à être protégés de la dégradation du temps et des hommes. Le ksar de Taghit n'est plus qu'un amas de ruines : il est vrai que l'une des venelles principales a été restaurée en partie mais ça reste un cautère sur une jambe de bois : entre les interstices des portes fermées ou enfoncées des anciennes maisons l'on ne voit que décombres et délabrement. Taghit aujourd'hui, c'est surtout la palmeraie, les jardins potagers qui fournissent Béchar et aux autres localités de la région les dattes, les fruits et légumes de saison. En conclusion, ce qui peut se dire sur le ksar de Taghit peut se dire des 35 autres ksour de la wilaya. Toutes ces belles oasis ne doivent-elles pas être repeuplées et revivre dans le progrès et la dignité ? D'autres villes fiables et viables ne doivent-elles pas être créées et soutenues pour retenir les populations du Sud dans leur milieu naturel ? Si tout le monde émigre vers le Nord notre Sahara National sera voué à être encore plus désert que désert. N'aiguise-t-il pas déjà la convoitise d'autres nations comme s'il était un bien en déshérence ?
LES SITES ARCHEOLOGIQUES :
Les sites archéologiques sont légions dans la wilaya de Béchar et en Saoura. L'un des plus connus est certainement le site des gravures rupestres de Taghit, lesquelles gravures ne finissent pas de connaitre dégradations sur dégradations. Celles de Kénadsa moins connus demeurent aussi importantes. Les tumuli sont nombreux aux abords de l'oued Guir et presque sur tout le long de son parcours. D'importants gisements préhistoriques ont été découverts notamment par l'archéologue français Paul FITTE dans les années quarante, qui prouvent l'existence de la vie humaine en cette contrée depuis la protohistoire jusqu'au-delà du paléolithique. P. FITTE dit notamment en ce qui concerne la région de Béchar :»Les stations sont très nombreuses et très riches en objets archéologiques». Et au paragraphe précédent : «Nous ne serons donc pas surpris de trouver là, une industrie particulière et énigmatique, que nous n'avons encore pu dater de façon précise. Les stations préhistoriques appartenant à cette culture se rencontrent à la surface du sol, sur les rives de l'oued Guir, et des nombreux affluents qu'il reçoit, au sommet des garas ainsi qu'à la surface des terrasses quaternaires qui s'étagent vers la grande hamada». Plus loin, FITTE, en scientifique averti, cite tous les noms de l'emplacement de ses stations préhistoriques et décrit avec une précision de métronome tous les objets rocheux trouvés dans ces dits gisements, notamment en forme de T et de Y. Il faut dire que cet archéologue de génie semble avec été perturbé par la 2ème guerre mondiale. Appelé ailleurs, il ne finira pas le travail qu'il avait commencé dans la région de Béchar. C'est dire «tout le pain qui reste sur la planche» pour nos archéologues. Mais l'urgence est que nos gravures rupestres soient protégées rapidement des dégradations et les gisements préhistoriques circonscrits avec précision pour les protéger contre les vols et les prédations mercantiles.
DEUX INITIATIVES PRIVEES DE PRESERVATION DE PATRIMOINES.L'UN MATERIEL : LE KSAR DE L'OUATA. L'AUTRE IMMATERIEL : LA BIBLIOTHEQUE DES MANUSCRITS DE KENADSA.
1 - LE KSAR DE L'OUATA :
L'Ouata est ce village à une soixantaine de kilomètres au sud de Béni-Abbés. Chef-lieu de Daïra, la nouvelle ville est construite évidemment toute de béton au bord de la route nationale n° 06 qui va jusqu'à Adrar et Reggan. L'Ouata se trouve au cœur de la vallée de la Saoura. Nous pouvons dire sans être contredit que tous les anciens ksars de la vallée ont disparus ou sont en voie de l'être complètement sauf un : celui de l'Ouata, un vrai miracle. En effet, ce ksar qui est un modèle du genre est non seulement encore debout mais en l'état originel ! Une vraie citadelle fortifiée, de forme carrée, avec quatre tours de défense à chaque angle. Comme pour les châteaux forts en Europe, un fossé profond fait le tour de la fortification constituant ainsi un obstacle entre celle-ci et des attaques ennemies éventuelles. Les gros murs d'enceinte en pisé sont munis de trous à espace régulier, qui sont autant de meurtrières de tirs au fusil. Le responsable des lieux, M. MANSOURI Mansour, nous expliqua que l'entrée principale était jadis munie d'un pont levis qui, soulevé le soir et en cas d'attaque surprise, permettait la fermeture de l'entrée du ksar et dégageait le fossé de protection.
M. MANSOURI, est un jeune homme dynamique qui est à la tête d'une association culturelle pour la préservation du ksar d'Elouata. Cette association, non seulement a restauré une bonne partie de ce vieux ksar mais lui a trouvé une utilisation fort géniale. Elle a fait de cette vieille fortification une sorte de caravansérail-hôtel. Les vieilles maisons à l'intérieur de la citadelle ont été aménagées en chambres de passage avec un maximum de confort, tout en leur conservant leur aspect originel. Dans ce dédale de ruelles, le visiteur va de surprise en surprise. Une grande pièce recouverte de tapis muraux et équipée d'appareils de sonorisation et d'appareils de télévision tient lieu de salle de conférence. Comme il n'existe pas d'hôtel dans la localité, cette association non caritative - faut-il le préciser - pense utiliser l'argent de la location des chambres et de la salle de conférence pour des manifestations diverses, pour remettre en état le reste de la citadelle et son environnement. Le responsable de l'association affirme que celle-ci n'a jamais obtenu de subventions des pouvoirs publics et que tout l'argent ayant servi à la réfection et à l'électrification du ksar provient de dons privés.
2 - LA BIBLIOTHEQUE DES MANUSCRITS DE KENADSA :
Kénadsa, située à 18 km au sud-ouest de Béchar est connue pour et par sa zaouïa ziania à la tarîqa d'obédience chadhilite. Cette zaouia ziania est souvent et facilement associée par certains profanes aux Zianides de Tlemcen, peut être aussi parce qu'elle a toujours eu une antenne permanente en cette ville et beaucoup d'affidés comme dans d'autres villes de l'ouest du pays telle que Nadroma.
En fait, son qualificatif de «ziania» lui vient tout simplement du nom de son fondateur Sidi M'Hamed Benbouziane. Et «Benbouziane» ou «Ben Abi Ziane» est son prénom ! Il est également connu que Kénadsa a rayonné pendant au moins pendant deux siècles et demi sur tout le sud-ouest par sa culture spirituelle surtout et en tant que centre d'enseignement religieux. Elle fut aussi par la suite pendant plus d'un demi-siècle le siège des Houillères du Sud Oranais (HSO) et ce, jusqu'à bien après l'Indépendance. Elle garde donc beaucoup de vestiges de ce riche passé dichotomique : spirituel et industriel.
Dans la lignée culturelle de la zaouïa, il est venu à l'idée de M. TAHIRI M'barek, professeur de lycée et un des descendants de Sidi M'Hamed BENBOUZIANE, de créer une bibliothèque publique afin de diffuser le savoir gratuitement comme l'on fait avant lui ses ancêtres. C'est ainsi qu'il aménagea une vieille maison de ses parents, «un petit palais» à l'architecture traditionnelle, en bibliothèque de manuscrits anciens. La khizana en possède plus de 200 ouvrages qui traitent de plusieurs thèmes notamment du fiqh, de la grammaire arabe, du soufisme, de la géographie, de récits de voyageurs anciens etc.
Inaugurée officiellement par le wali de Béchar le 29.11.2006, la khizana comprend une salle de lecture avec la bibliothèque de manuscrits et d'autres ouvrages anciens et contemporains, une salle d'Internet, une galerie d'exposition de photos et documents historiques, une salle de conférence, et au premier étage un petit musée d'art traditionnel. Tout ceci est mis gracieusement à la disposition du public, des étudiants, des chercheurs et autres demandeurs de savoir. Parmi ses activités culturelles, la khizana organise des conférences hebdomadaires et mensuelles.
Tous les vendredi après-midi un professeur universitaire donne une conférence sur un sujet précis, ces manifestations sont ouvertes au public. Les thèmes traités, hebdomadaires ou mensuels sont choisis par le professeur conférencier. Le propriétaire de la bibliothèque M. TAHIRI M'barek a des projets d'extension de son institution. C'est ainsi qu'il pense aménager et ajouter bientôt à l'édifice, une salle de conférence plus grande et ouvrir une école coranique.
LES GRENIERS A BLE DE LA SAOURA : PATRIMOINES ECONOMIQUES EN PRINCIPE INEPUISABLES ET INALIENABLES :
1- LA PLAINE D'ABADLA :
Il s'agit du périmètre irrigué le plus grand de la wilaya. Lors de la construction du barrage de Djof-Torba (35 millions m3 de retenue à l'origine), cette plaine arrosée par l'oued Guir était sensée devenir la Californie de l'Algérie et la deuxième Mitidja du pays. Il était prévu alors une première mise en valeur de 16 000 ha au départ. Réduite aujourd'hui comme peau de chagrin, elle ne constitue plus que 2400 ha environ sans compter toutes les difficultés accompagnant cette régression : remontées de sel, ensablement des canaux, envahissement des mauvaises herbes etc. et ce, après 40 ans de «mise en valeur» ! Les surfaces épuisées et atteintes par les remontées de sel sont perdues à jamais. Dès lors, on ne peut que se rendre à l'évidence qu'il s'agit d'un véritable fiasco, un maelström qui a englouti tellement d'argent que l'on ne sait même plus combien. Le chiffre global ne pourrait d'ailleurs être ni lu ni écrit. Quand bien même on le pourrait la pudeur empêcherait de le prononcer. Cette plaine a fait l'objet de tant d'écrits et de récriminations, qu'ajouter encore une couche friserait le cynisme gratuit.
Comme nous l'avons rappelé précédemment, le Guir appartient à l'Algérie et au Maroc. Le Haut Guir se trouve au Maroc puisqu'il prend sa source dans le Haut Atlas, autrement dit dans la partie la plus difficile de son parcours (montagneuse). Néanmoins, nos voisins marocains ne dorment pas pour autant : ils ont déjà construit 04 barrages sur les principaux affluents du cours d'eau et en projettent d'en construire 03 autres (Source : site officiel du gouvernement marocain : «Le Bassin Hydraulique du Guir-Bouanane» page 309). Autrement dit tous ces barrages sont et seront autant de retenues d'eau en moins pour chez nous.
2 - LA PLAINE DE ZOUZFANA :
La plaine de Zouzfana devrait en principe être le top de la qualité céréalière de la région. Terre aux alluvions très riches, elle devrait faire l'objet d'attentions particulières pour son exploitation et son développement rationnels. Les anciens disaient «Guir (toute la plaine d'Abadla), ou Guerett (plaine célèbre pour son rendement) ou seulement une parcelle à Zouzfana». Si avec de modestes moyens cette plaine est arrivée à donner 35 quintaux de blé à l'hectare c'est qu'il y a possibilité de faire mieux. Ceci alors que des périmètres dans les wilayas du nord n'arrivent pas à ce résultat.
3 - LA PLAINE DE MESKI :
Meski est à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Kénadsa. C'est une zone d'épandage de l'oued Guir (rive gauche). Les Kénadsiens ont de tout temps exploité cette zone pour y cultiver en premier lieu des céréales, puis les fruits surtout les cucurbitacées telles que melons, pastèques mais aussi courges, potirons, citrouilles etc. et bien d'autres légumes : Il s'agit d'un lieu «dit» qui ne semble pas avoir de statut particulier mais les surfaces cultivables ne sont pas négligeables. Les services agricoles s'intéressent-ils à ces terres que tout le monde peut exploiter sans aucune autorisation ni conditions particulières ? Il suffit juste de le vouloir.
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