Le prêtre Bernard Janicot d'Oran : « Le dialogue islamo-chrétien doit passer par une amitié personnelle entre chrétiens et musulmans »
Prêtre catholique, Bernard Janicot a choisi d’exercer son ministère sacerdotal à Oran, en Algérie. Il y dirige désormais le Centre de documentation économique et social, au service des étudiants. Il garde ainsi les 30 000 ouvrages que compte la bibliothèque, où plus de 3 000 étudiants sont inscrits. Des étudiants principalement musulmans, pour des rencontres islamo-chrétiennes quotidiennes, fondées sur l’amitié et le respect. Il est l’auteur d’un ouvrage paru en 2010 chez Karthala : « Prêtre en Algérie : 40 ans dans la maison de l’Autre ».
Saphirnews : Vous avez pu participer à la session nationale des délégués diocésains aux relations avec les musulmans, qu'en avez-vous pensé ?
Il y a des dérives des deux côtés et, sur ce point, je rejoins l’imam de la mosquée de Villeurbanne (69), Azzedine Gaci : « Il faut dénoncer toutes les dérives, d’un côté comme de l’autre, il ne faut rien laisser passer. » Car nous avons, d’un côté, des groupes chrétiens, très minoritaires mais aussi très convaincus, souvent d'extrême droite, qui font monter la pression, et, de l'autre côté, des groupes très peu représentatifs comme les salafistes.
Comment décririez-vous la situation des minorités religieuses en Algérie depuis la loi de 2006 sur le prosélytisme ?
Le problème se pose plus durement pour les évangélistes qui sont plus prosélytes. Il y a aussi des cas de personnes qui ne jeûnent pas pendant le Ramadan et qui écopent de procès. Ce ne sont pas forcément des personnes chrétiennes d’ailleurs.
Justement, quelle est votre attitude lors du mois de Ramadan ?
Qu'en est-il du phénomène de conversions, très craint par les autorités algériennes ?
Par ailleurs, il y a les évangélistes qui convertissent plus rapidement. Ils sont d’ailleurs très présents en Kabylie. Ils baptisent en quelques semaines et il faudrait voir combien de temps ces conversions tiendront. Parfois, elles semblent se situer plus dans le domaine de l’émotionnel, avec des cérémonies dynamiques composée à 80 % de chants. Cela plaît à certains, car l’islam est un peu moins démonstratif.
Les responsables religieux musulmans, notamment français, sont-ils trop frileux sur la question du statut des minorités religieuses dans les pays musulmans ?
Quelles initiatives existe-t-il à Oran pour promouvoir le dialogue islamo-chrétien ?
Mais c’est surtout une pièce de théâtre qui a connu le succès le plus retentissant. « Pierre et Mohamed » retrace l’histoire d’amitié entre l’ancien évêque d'Oran, Pierre Claverie, et son chauffeur Mohamed, tous deux assassinés le 1er août 1996. La représentation a eu lieu dans une salle archicomble et composée aux deux tiers de musulmans, dans une atmosphère de communion. Il y avait des anciens qui avait connu Pierre Claverie, mais aussi des jeunes. J’ai eu des échos d’étudiants à la bibliothèque, je sentais que cette pièce les avait vraiment touchés.
Quelles sont vos ambitions pour ce dialogue ?
B. J : Il ne peut y avoir de dialogue spirituel islamo-chrétien que s’il passe par une amitié personnelle entre chrétiens et musulmans. Si on partage ensemble, travaille ensemble à la même chose, alors on peut se poser les bonnes questions. Cette étiquette chrétienne ou musulmane est une composante de la vie, mais pas la seule.
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